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Les contes de fée ne sont plus ce qu'ils étaient...

Dans les contes de fée de notre enfance, les crapauds rencontrent toujours, par un formidable hasard, de belles et riches demoiselles et d'un doux baiser, deviennent de charmants princes sans défauts. La suite, vous la connaissez aussi bien que moi. Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants.

 

(L'émotion vous gagne, les larmes coulent.)

 

Mais stop ! Je vous arrête tout de suite. Dans la vraie vie, nos chers amphibiens n'ont pas de si incroyables destinées. Les princesses des temps modernes sont plutôt du genre à baver devant des pop stars au talent incertain ou des mannequins au QI d'huître. Quant aux crapauds, vous aurez le bonheur de les voir stagner dans des étangs pollués ou s'éclater dans de glauques laboratoires. Bref, rien de bien transcendant.

 

Mais parfois, loin du pays des nénuphars, justement dans l'un de ces inquiétants repères à savants fous, on trouve de sympathiques bestioles verdâtres. C'est le cas de Charlotte, une jeune et élégante grenouille, qui passe ses journées à refaire le monde dans son ridicule bocal en verre. Sa famille a succombé à une expérience douteuse et depuis, elle tourne en rond, attendant une nouvelle compagnie pour parler de la pluie et du beau temps.

 

Un jour, alors qu'elle comptait pour la énième fois jusque 995653, elle aperçut son vieux scientifique à lunettes préféré déposer un bocal à quelques mètres d'elle. Curieuse, mais surtout ravie de l'animation que pouvait apporter un nouveau pensionnaire, elle scruta la prison transparente et découvrit avec stupeur son locataire.

 

Autant qu'un batracien peut l'être, un magnifique crapaud la fixait de ses yeux globuleux. Leurs regards se croisèrent et le temps sembla s'arrêter, comme dans tout bon film à l'eau de rose. Aucune petite musique ne se mit en route, mais on devinait le coup de foudre. Charlotte en resta sans voix. Ceci ne posait pas problème car de toute façon, une grenouille, ça ne parle pas.

 

Les jours passèrent et nos deux amphibiens restaient collés aux parois de leurs bocaux pour avoir tout loisir de se contempler. Il faut dire qu'ils n'avaient pas non plus grand-chose d'autre à faire. Finalement, le scientifique, pas si timbré que ça, se rendit compte de leur étrange manège et dans un immense élan de générosité, les fit placer dans un superbe bocal tout confort. Ce n'était probablement pas un château mais Charlotte et son amoureux, Théodore de son petit nom, étaient fort heureux ainsi. Leur coup de foudre ne leur apporta pas la liberté, faut pas abuser non plus, mais ils furent l'objet d'une étude très poussée sur les histoires d'amour chez les batraciens et de nombreux magazines relatèrent leur passionnante vie. On ne put jamais expliquer ce coup de foudre, mais une chose est sûre, de nos jours, les contes de fée ne sont plus ce qu'ils étaient…

 

Si vous cherchez une vraie morale, il n'y en a pas.

 

(Nouvelle écrite le 28 Novembre 2005 par moi-même pour l'atelier écriture du magazine Mood et faisant au final partie des deux sélectionnées par l'équipe de leur site).

Commentaires

  • Bonjour, je ne sais plus comment j'ai atterri par ici mais ton histoire est fascinante! Moi j'ai bien aimé, on voudrait presque la suite quand même...
    A bientôt peut-être, bise

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